Aujourd’hui, je suis allé interviewer Noël Camblong qui, à l’âge de 66 ans, vient de se qualifier pour les championnats du monde de cyclisme amateur. 

Il s’est même permis le luxe de faire un podium. 

Une victoire en forme de revanche sur le mauvais tour qu’a tenté de lui jouer la vie comme il va nous l’expliquer.

Philippe : Tu es allé chercher cette qualification sur une cyclosportive au Portugal, comment t’est venue cette idée ?

Noël : Il y a cinq ans, Albi avait organisé les Championnats du Monde. Vu que j’habite à Pau, je tenais à être de la partie. J’avais alors fait les qualifications, sans réussir à entrer dans les premiers 20%, synonymes de ticket d’entrée pour les Championnats. Néanmoins, je fus appelé un peu plus tard, grâce au jeu des désistements. Le jour de la course, je ne parvins à faire mieux que 80ème sur 260… je guette depuis l’occasion de faire mieux ! Et, puisqu’on peut se qualifier dans le pays de son choix, j’ai décidé de profiter de mes vacances au Portugal, en octobre pour tenter ma chance.

Parle-nous un peu du profil du parcours

Le tracé faisait 106 kilomètres pour 1000 mètres de dénivelé environ. Nous étions 400 participants, avec des départs par sas, organisés selon les catégories d’âge. Pour ma part, j’étais dans la catégorie 65-69 ans.

Comment as-tu géré ta course le jour J?

J’ai trouvé un bon groupe. J’ai souffert pour rester avec eux, bien sûr. Mais je me sentais bien ce jour-là et j’ai réussi à m’accrocher. Jamais je n’ai baissé les bras, il me semblait que j’étais au niveau. Alors, oui, je n’ai pas pris beaucoup de relais, mais il y avait dans le groupe des cyclistes beaucoup plus jeunes que moi : je les ai laissés devant.

À quel moment as-tu pensé que tu pouvais bien finir ?

À mi-course, quand j’ai vu que j’arrivais à tenir, je me suis dit que je pouvais faire un podium

  Et effectivement, J’ai réussi à finir troisième, au coude à coude avec le second qui m’a distancé dans la dernière bosse. Le premier s’est alors envolé et nous a mis deux minutes.

 

Comment as-tu géré ton alimentation pendant l’épreuve ?

Je suis parti avec deux bidons, dont un avec des électrolytes, ce que je fais toujours. Pour les longues cyclos je pars avec mes sachets dans la poche pour être en mesure de faire mon mélange à chaque ravitaillement. Je veille à boire toutes les heures et demie.

J’ai aussi emporté 3 barres énergétiques, ce qui me suffit pour 100 kms. Bien entendu, je ne me suis jamais arrêté. Pour des épreuves plus longues, il y a un truc que j’adore : je me fais des petits sandwichs au pain brioché avec jambon et fromage fondu. Je peux les comprimer à fond, ils ne prennent pas de place dans la poche, c’est top.

Au petit déjeuner, rien de spécial, j’ai fait comme d’habitude : mes tartines de miel. Cette fois j’ai complété d’une banane.

La veille, j’avais pris mon traditionnel plat de pâtes.

Qu’as-tu trouvé difficile durant cette course ?

Il y avait une succession de petites bosses à partir du cinquantième kilomètre. Elles étaient usantes et, évidemment, toute la fatigue accumulée s’est payée lors de la dernière côte.

Quel matériel utilises-tu ?

J’ai deux vélos. Pour cette course, j’étais avec mon GIANT TCR, un cadre acheté en 2019 et que j’ai ensuite équipé. Je suis en boyaux et freins patins. Mon second vélo est un CANNONDALE.

J’adore rouler en boyaux, je trouve qu’on gagne beaucoup en légèreté.

Depuis combien de temps fais-tu du vélo ?

J’ai commencé jeune. Entre 21 et 24 ans, j’étais coursier en FFC puis FSGT. J’ai ensuite ouvert mon restaurant et j’ai dû laisser le vélo de côté pendant de nombreuses années. C’est à l’approche de la quarantaine que je m’y suis remis. J’avais envie de rouler à nouveau, et même de faire quelques compétitions. J’ai participé à la première Étape du Tour, Tarbes – Pau en 1993.

Mais, jusqu’en 98, je n’ai eu aucun résultat. Et puis un beau jour, je suis allé voir un médecin du sport. Il m’a fait une prise de sang, fait faire deux heures de vélo, puis une prise de sang à nouveau. Il m’a diagnostiqué un problème d’hydratation. Je ne buvais pas assez. Depuis, je garde constamment près de moi cette bouteille d’un litre et demi que je bois dans la journée.

Comment arrives-tu à maitriser ton poids durant l’année ?

D’abord, le simple fait de boire davantage m’a fait passer de 71 à 65 kg. J’évite de descendre en dessous, je me sens alors un peu faible. L’hiver, je reprends un peu et me stabilise vers 67kg.

Je limite les corps gras autant que possible, je ne mange pas de beurre et quand je dois utiliser de la matière grasse, je prends de l’huile d’olive. Le midi, je mange une viande avec des crudités, et le soir quelques légumes, en potage durant l’hiver. J’ai interrompu mon régime végétarien à cause de ce que j’ai dû traverser cette année, mais à présent que tout ceci est derrière moi, je ne vais pas tarder à le reprendre.

De mai à août, je fais une cure de spiruline 3 semaines par mois, que je prends sous forme de gélules.

J’aime bien aussi les algues séchées pour leur apport en protéines.

Je ne m’interdis pas un morceau de chocolat pour la gourmandise.

Et… j’allais oublier, un verre de rouge le soir au diner !

Arrives-tu encore à progresser saison après saison ?

À progresser… non. Mais j’arrive à me maintenir. Le travail en force me fait beaucoup de bien. D’autant que je ne peux plus tout miser sur le cardio. Ma FC max est désormais à 165, et à 160-163 j’ai l’impression que je vais exploser.

Comment t’es-tu entrainé durant cette saison ?

Je n’ai rien changé à mes habitudes. Je sors trois fois par semaine. Oui, je ne fais que de sorties, pas de home-trainer, j’ai la chance de pouvoir rouler quand je veux, sur des routes assez tranquilles avec peu de circulation.

Je fais la sortie du samedi avec de l’intensité. Presque en mode course. Je roule avec le groupe A du club, avec pas mal de jeunes de bon niveau. Je suis obligé de m’accrocher.

Durant les deux sorties de la semaine, je roule avec des copains qui vont moins vite, j’en profite pour mettre du braquet et travailler la force, sur le plat et aussi dans les bosses.

L’hiver, je fais davantage d’exercices lors de mes sorties :

Quelques semaines avant la compétition, j’ai insisté davantage sur le travail en intensité :

Quant aux deux séances de la semaine, je les consacre à la PMA et au seuil. Par exemple, je vais trouver une longue portion droite pour faire un Jimenez. Ou du fractionné à PMA en 30-30 (Note de Philippe : 30 secondes à PMA, 30 secondes de récupération, à enchainer plusieurs fois, en fonction de son niveau). Ou du travail au seuil, sur des bosses de cinq minutes environ.

Fais-tu une pause à l‘intersaison ?

Pas particulièrement non. Mais cette année, en janvier, on m’a diagnostiqué un truc malheureusement sérieux. J’ai dû interrompre ma saison pour me soigner, un traitement assez lourd, je ne suis pas monté sur ma selle pendant plusieurs mois. Durant toute cette mauvaise période, je n’avais qu’une hâte : retrouver mon vélo, mes entrainements, mes sorties avec mes amis. C’était ma lumière au bout de ce tunnel. Dès que je l’ai pu, je suis reparti, gonflé à bloc et plus motivé que jamais. Clairement c’est le vélo qui m’a aidé à m’en sortir.

3 réponses

  1. Chapeau bas, bon courage et bonne continuation. Je suis surpris de trouver des sexagénaires très souvent dans les cinquante premiers d’une cyclosportive. un sujet à traiter car il y a tellement d’individus persuadés que la performance est liée à la jeunesse.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.