Elle est revenue…

Vous pensiez qu’elle vous avait oublié mais non, espoir déçu, comme à chaque fois.

Décidément, elle est tenace. Pourtant vous avez tout fait pour la décourager. Vous avez feint de l’ignorer, vous ne prononciez pas même son nom. Mais elle s’est incrustée.

Vous avez écouté votre ami Pascal, qui était passé par là lui aussi. Ses conseils, vous les avez suivis, scrupuleusement. Vous vouliez tout faire pour que ça marche. A plusieurs reprises, elle s’est éloignée, le temps de quelques semaines. Mais ce fut toujours pour mieux revenir.

Vous vous dites que vous n’arriverez jamais à vous en séparer.

C’est toujours la même chose avec elle. Elle arrive sur la pointe des pieds. Sans bruit. Elle s’installe et prend ses aises.

Aujourd’hui, elle a jeté son dévolu sur vos lombaires. Elle les engourdit d’abord, les raidit ensuite, et puis au moment où vous affrontez cette fameuse côte, elle se manifeste au grand jour.

Elle est bien là votre douleur. Vous la reconnaitriez entre mille. Et à présent qu’elle vous tient, vous savez qu’elle ne vous lâchera plus. Votre sortie, elle va bien vous la pourrir.

Fesses douloureuses, raideurs aux cervicales, doigts engourdis : je les connais par cœur. A ma façon, je les ai toutes faites les Classiques du vélo.

J’en suis venu à bout mais il m’a fallu me renseigner, expérimenter, tester, recourir à l’aide de certains des meilleurs professionnels. J’ai fini par trouver les solutions. A réussir à aligner mes planètes. Car oui, j’ai eu besoin de combiner toutes ces astuces pour arriver au résultat. Un peu comme un puzzle, toujours fragile et bancal tant que la dernière pièce n’a pas été posée.

Si vous n’avez jamais connu les affres d’un mal de dos (ou de fesses) à vélo, ne perdez pas votre temps à lire cet article.

Dans le cas contraire, vous allez y découvrir ce qui a marché, pour moi :  4 astuces de bon sens.

J’ai fait en sorte de décomposer chacune d’elles en quelques points très concrets. Au final, vous aurez une liste de 21 techniques simples à mettre en application. Une véritable check-list anti-douleurs.

Astuce N°1 : Choisir une selle bien adaptée à votre morphologie et à votre pratique

Je vais vous faire une confidence.

Je n’ai pas choisi ma selle lors de l’achat de mon premier vélo. J’ai pris celle qui venait avec. Les yeux fermés. Les questions, je me les suis posées après. Dommage.

J’ai découvert ensuite l’importance de la selle.

Les fabricants, eux aussi, ont aujourd’hui bien compris notre besoin de confort sur le vélo. Ils proposent une offre intéressante, segmentée, diversifiée.

Dans cette abondance, il n’y a plus qu’à faire son choix.

 … Avec 6 erreurs à éviter : les voici.

Erreur #1 : Choisir une selle moelleuse est aussi stupide que mettre un toit ouvrant sur un sous-marin

Ah une selle bien molle… vous vous y voyez déjà, comme dans un fauteuil.

Sur ce point les choses sont simples.

Fuyez les selles moelleuses.

Plus une selle est moelleuse à l‘achat, moins elle se révèlera confortable à l’utilisation.

Pourquoi ?

Avec une selle molle, vos ischions (les deux os inférieurs du bassin sur lesquels vous vous asseyez) vont s’enfoncer davantage dans la selle et la pression s’exercera alors sur le périnée. Cela ne se produira peut-être pas lorsque la selle est neuve. Mais, dans le temps, le rembourrage risque de se déformer et de modifier alors vos appuis vers des zones plus douloureuses :  entre les ischions notamment.

D’autre part, un rembourrage souple va favoriser les frottements désagréables à l’entrejambe.

Erreur #2 :  Choisir une forme de selle inadaptée à votre pratique

L’arrière de selle s’appelle le croissant. Sa forme va répartir sur une zone plus ou moins grande les efforts exercés par votre postérieur.

Vous allez la choisir en fonction de votre pratique :

Erreur #3 : Vous mentir sur votre souplesse

Quand on les regarde de profil, il y a des selles plates et d’autres creusées, pour lesquelles la partie centrale est plus basse que l’avant et l’arrière.

Si vous êtes souple : choisissez un profil plutôt plat.

Si vous n’êtes pas souple : optez pour une selle creusée.

Avant de faire votre choix, un essai serait le bienvenu.

Et maintenant, avez-vous envie de connaitre l’erreur la plus grave de toutes lors du choix de votre selle ?

C’est la suivante.

Erreur #4 : Oublier que votre selle supporte vos ischions

La largeur arrière de votre selle est le point le plus important de votre choix.

La partie arrière de la selle assure le support de vos ischions.

Si la largeur de selle est insuffisante par rapport à la distance entre vos ischions, ceux-ci ne seront pas bien supportés. Les tissus mous et le périnée encaisseront des efforts, et les douleurs réapparaitront.

Il vous faut donc déterminer la distance entre vos deux ischions.

Voici comment faire :

  1. Posez une feuille de carton sur une table, asseyez-vous dessus, les pieds posés sur un tabouret. Essayez de reproduire votre position sur le vélo (plutôt penché ou redressé). Restez ainsi en position durant 5 minutes.
  2. Révélez l’empreinte laissée sur le carton en la frottant avec un crayon à papier, un fusain ou une craie.
  3. Mesurez la distance entre les centres des deux empreintes ainsi révélées. Vous avez la distance entre vos deux ischions.

Cette mesure peut aussi se faire auprès de votre revendeur qui dispose généralement d’un outil adapté.

Passons à l’erreur suivante, moins grave mais tout aussi fréquente.

Erreur #5 : Ne pas comprendre l’intérêt d’un canal de selle

Certaines selles sont pleines, d’autres présentent un canal ajouré voire évidé en leur milieu. Ceci permet de supprimer les efforts dans la zone du périnée. Les efforts sont alors supportés par les ischions, par votre châssis en quelque sorte.

C’est un principe intéressant car moins un cycliste est souple, et moins il incline son bassin, donc plus il exerce de pression sur les tissus mous et le périnée. Avec pour conséquences une moindre circulation sanguine, des picotements, des douleurs.

Il est assez simple de faire son choix.

Si vous êtes souple, c’est-à-dire si vous arrivez pieds joints, jambes tendues, à toucher vos orteils avec vos mains, vous pouvez choisir le type de selle qui vous convient.

Dans le cas contraire, moins vous serez souple et plus vous aurez besoin d’évidement sur votre selle. Bonne nouvelle : de plus en plus de selles sont conçues selon ce principe.

Erreur #6 :  Oublier de jeter un œil SOUS la selle

La coque de votre selle peut être en plastique, en carbone voire en magnésium dans certains cas.

Quant aux rails, ils permettent de déplacer votre selle d’avant en arrière sur votre vélo. Ils peuvent être en aluminium, en carbone, en acier, en titane, en plastique

Astuce N°2 : Bien régler votre vélo

Cette partie a été co-écrite avec Matthieu Papin (FTC SPORT –  www.ftc-sport.net)

Dans cette partie, vous allez découvrir comment réaliser les réglages fondamentaux sur votre vélo, de manière à vous positionner dans une position de confort.

Vous allez pouvoir vérifier 5 cotes essentielles et vous pourrez les ajuster chez vous, sans faire appel à un outillage complexe.

Munissez-vous simplement d’un jeu de clés , d’un mètre et d’un fil à plomb. Idéalement, si vous en avez-un, mais ce n’est pas une obligation, placez votre vélo sur votre home trainer, les manipulations seront plus faciles avec un vélo maintenu en position.

Avec cette méthode, vous deviendrez autonome dans la réalisation de vos réglages. Vous pourrez tester, éprouver, modifier. Ce que n’a pas eu le temps de faire le vélociste avec vous lors de l’achat de votre vélo.

« L’étude posturale » de votre revendeur a un principal objectif : vous évitez de vous tromper de taille à l’achat. Et c’est déjà énorme. Car s’il y a erreur sur la taille du cadre, vous n’aurez plus que vos yeux pour pleurer.

Viens ensuite le temps des réglages plus fins, de l’optimisation, du ressenti. C’est là que vous entrez en jeu, outillé par cette méthode. Elle va vous demander un peu de temps mais vous en serez récompensé.

Bien sûr, elle est rudimentaire, elle fonctionne « au centimètre près ». Elle ne remplacera pas une étude cinématique, réalisée par un ergonome, avec des compétences biodynamiques.

Lui filmera et analysera image par image les angles au niveau des épaules, hanches, genoux, pieds, à chaque instant du cycle de pédalage. Une telle étude vous permettra d’aller encore plus loin dans la recherche d’une position de confort, adaptée à votre propre morphologie, mais ceci est hors du périmètre de cet article.

#1 : La hauteur de selle

Votre selle est-elle à la bonne hauteur ?

C’est un point fondamental.

C’est le réglage de la bonne hauteur de selle qui va conditionner votre confort sur le vélo. 

Si la selle est trop haute, vous allez vous déhancher et épuiser les muscles du dos, voire créer des douleurs derrière le genou.

Si elle est trop basse, votre genou travaillera avec trop de flexion et deviendra douloureux. Lorsque la selle est à la bonne hauteur, vos muscles travaillent de manière harmonieuse à chaque tour de pédale.

Regardez Eddy Merckx sur le Tour de France 1974 : A 3 km de Saint-Lary-Soulan il est lâché par Raymond Poulidor. Il interrompt brutalement son effort pour changer de vélo. Ses douleurs au dos sont telles qu’il prend le risque de perdre davantage de temps encore en se faisant passer une autre machine dont la selle est un peu plus haute afin de diminuer ses douleurs.

Vous voulez savoir quelle est la hauteur de selle idéale ?

C’est celle qui permet à la jambe de se retrouver presque tendue lorsque le pied arrive au point bas du pédalage.

Voici comment la trouver.

Il est bon de vous faire aider par un(e) ami(e) pour tenir le vélo et vous aider à vérifier les positions

  1. Assurez-vous que votre selle est pour l‘instant bien horizontale, parallèle au sol.
  2. Enfilez vos chaussures de vélo et mettez-vous en selle, selon votre position habituelle. Ne clipsez pas la chaussure sur vos pédales automatiques.
  3. Mettez la pédale (Gauche ou Droite) dans le prolongement du tube de selle. Ne la mettez pas à la verticale, arrêtez-vous un peu avant.
  4. Appuyez votre talon sur l’axe de la pédale : Votre jambe doit être tendue. Si ce n’est pas le cas, ajustez la hauteur de la tige de selle en conséquence. Recommencez pour l’autre côté. Si vous n’obtenez pas exactement le même résultat, privilégiez la position la plus basse pour la tige de selle.
  5. Vérifiez le bon réglage en rétropédalant :
    • En position ‘pédale en bas’, si vous déhanchez : la selle est trop haute,
    • En position ‘pédale en haut’, si le bassin remonte :  la selle est trop basse.

Avant de passer au réglage suivant, juste quelques mots sur une autre méthode assez répandue : Elle consiste à mesurer votre entre jambe, à multiplier ce résultat par 0,885 pour obtenir la hauteur de selle. Cette approche peut fonctionner mais elle pose un double problème. D’abord il y a de fortes chances que vous fassiez une erreur de mesure au moment de déterminer votre entrejambe. D’autre part, l’expérience montre qu’elle aboutit chez beaucoup de personnes à une hauteur de selle trop importante. Je ne vous la recommande donc pas.

#2/ Le Recul de selle

Votre selle est posée sur des rails sur lesquels elle peut coulisser d’avant en arrière : vous pouvez ainsi régler le recul de selle.

En avançant ou en reculant votre selle, vous allez pouvoir trouver le meilleur réglage : celui qui maximisera votre confort et votre performance.

Ne négligez pas cette étape :

Une selle trop reculée et ce seront (pour simplifier) vos jambes qui pousseront les pédales vers l’avant, plutôt que d’appuyer dessus. Ce sont alors les muscles postérieurs de la jambe qui vont être sollicités. Ils sont endurants mais peu explosifs, vous aurez donc des difficultés à démarrer ou à relancer. De plus, vos épaules seront tirées en arrière, pas génial pour l’aérodynamisme.

Une selle trop en avant fera davantage travailler les quadriceps, plus explosifs mais moins endurants.

Il y a donc un entre-deux à trouver. Voici comment faire

Là aussi, l’aide d’un(e) ami(e) est ici bienvenue)

  1. Asseyez- vous sur la selle. Clipsez le pied sur la pédale (si vous n’avez pas de pédales automatiques, l’articulation du gros orteil doit se trouver au niveau de l’axe de la pédale).
  2. Positionnez la manivelle en avant, à l’horizontale. Le pied doit être à plat : le talon et le dessous de l’avant du pied sont sur une ligne horizontale, pas toujours facile à voir alors que le pied est dans sa chaussure.
  3. Prenez un fil à plomb. Positionnez-le entre l’avant de la rotule et le condyle fémoral (extrémité du fémur, vous sentirez une excroissance sous la peau, genou plié). En cas d’hésitation, mieux vaut être plus près du condyle fémoral.
  4. Réglez le recul de selle pour que le fil à plomb descende au niveau de l’axe de la pédale.

On y est presque…

A présent que le recul de selle a été réglé, il vous faut vérifier que la hauteur de selle est toujours adéquate. Donc : vous refaites le réglage de la hauteur de selle, puis vous refaites le réglage du recul de selle. C’est un peu fastidieux ? Oui, je sais. Mais on ajuste les détails lors de cette itération qui devrait donc aller assez vite…

Vous pourrez souvent trouver des méthodes vous indiquant de faire positionner le fil à plomb devant la rotule, et non pas comme je vous l’indique. Cette méthode vous amènerait à une position de selle un peu plus en arrière. Ce peut être un avantage pour la longue distance mais vous handicapera dans les montées de col ou au moment d’accélérer.

#3/ L’inclinaison de la selle

C’est fou comme quelques détails peuvent tout changer.

En faisant varier de quelques degrés l’inclinaison de votre selle, vous pouvez trouver une vraie position de stabilité et de confort.

L’inclinaison que je préfère est celle qui m’a permis de réduire la pression sur le périnée (la partie ‘molle’ de notre assise) et d’être bien positionné sur les ischions (la partie ‘dure’).

Le bec de selle est alors plus bas de 1 cm que l’arrière (soit -1.5 à -2.5°).

Concrètement :

  1. Vélo bien droit, mesurer depuis le sol la hauteur de l’arrière de selle,
  2. Puis la hauteur de l’avant de selle,
  3. Réglez l’inclinaison jusqu’à obtenir un écart de 1 cm environ.

Certains amateurs de longue distance préfèrent une selle parfaitement horizontale. Comme quoi c’est un domaine où il faut essayer …

#4/ Le niveau du cintre par rapport à la selle

C’est un point essentiel pour votre confort.

A la différence des 3 réglages précédents, je ne vais pas vous donner une unique valeur mais plutôt une plage. Il vous faudra faire des essais. Le réglage optimal va être fonction de la longueur de votre buste, de vos bras, de votre souplesse aussi.

Et attention aux faux-amis :

A la recherche d’un meilleur aérodynamisme, j’ai à un moment descendu mon cintre. Et là, bingo. Souple comme un morceau de bois, mon dos n’arrivait pas à aller plus bas. Résultat : ce sont mes bras qui se sont tendus, avec à la clé une prise au vent encore plus grande, plus de tension sur les trapèzes, plus de tension sur les lombaires. Et voilà mes douleurs revenues.

Mais il y a encore mieux…

Vous avez le cas de cet autre cycliste, plus souple lui, qui a la possibilité d’aller chercher plus bas son cintre. L’angle fémur – tronc se referme. Le diaphragme est limité dans son mouvement. L’artère iliaque qui alimente les quadriceps est comprimée à chaque cycle de pédalage, un peu comme un tuyau d’arrosage pincé. On a alors créé un problème d’oxygénation interne. D’où l’apparition de jambes lourdes, voire une réduction insidieuse de la puissance maximale du cycliste.

Allons y pour les réglages :

  1. Mesurer depuis le sol la hauteur de selle (mesure à prendre au niveau du creux de selle).
  2. Mesurer depuis le sol la hauteur du cintre (à mesurer sur son point haut, là où vous posez les mains en haut du guidon).
  3. Réglez votre cintre de l’ordre de 1 à 10 cm plus bas que la hauteur de selle. Dans 80% des cas, cet écart se trouve entre 4 et 7 cm. Chez les femmes, il n’est pas rare d’avoir un écart de 1 cm seulement.

#5/ L’allonge

C’est le dernier point de réglage.

Il va peut-être vous amener à changer de potence (les premiers prix ne sont pas ruineux).

Ce réglage est important car une bonne allonge permet d’utiliser correctement les muscles du dos, sans tension ni fatigue inutile. Car, oui, le vélo n’avance pas uniquement grâce à vos jambes. Le dos permet de bien stabiliser le corps et de bien transmettre l’énergie depuis les hanches, les jambes vers les pédales.

Vous êtes tenté d’aller  ‘chercher plus loin’, au risque d’être trop loin ?

Alors lisez la suite.

J’ai fait moi-même le test d’une potence plus longue. En apparence, belle allonge, belle position. Mais qui n’a pas résisté à l’expériences des sorties qui ont suivi.

Cette nouvelle position me demandait un effort de gainage du haut du corps important. Autant de calories que je gaspillais au fil de la route. De l’énergie perdue. Et en fin de parcours, impossible de prendre le moindre relais… quand il m’était encore possible de rester auprès des copains. 

Mais l’allonge peut aussi être trop faible

Vous vous calez alors en arrière et faites davantage travailler les muscles postérieurs de la jambe. Très bien pour l’endurance mais moins bien pour l’explosivité : vous verrez les relances s’éloigner loin devant vous.

Alors, voici une méthode de réglage très pragmatique :

  1. Asseyez-vous sur le vélo, clipsez les pédales, mettez les mains au creux du cintre, bien au fond, prêt à saisir les poignées de freins. Une position de descente.
  2. Positionnez vos avant-bras à l’horizontal.
  3. Baissez les épaules.
  4. Rétropédalez. Lors du passage de la manivelle dans la position la plus en avant, le genou doit frôler le coude sans le toucher.
  5. Déterminez la longueur de potence qu’il vous faut en conséquence.

Astuce N°3 : Choisir un bon cuissard

Et si vous aviez un cuissard qui soit vraiment confortable…

Pas uniquement lorsque vous l’enfilez le matin mais tout au long de votre sortie, ne croyez-vous pas que vous auriez un allié supplémentaire pour mieux pédaler ?

Vous cherchez un cuissard sur le net, vous les parcourez rapidement, votre doigt fait rouler la molette, les cuissards défilent rapidement. Vous allez en boutique, vous jetez un œil et faites glisser les cintres sur le présentoir. Soudain, sans trop savoir pourquoi, vous faites votre choix. En deux secondes vous avez pris une décision et choisi le cuissard qui va vous accompagner pendant plusieurs saisons.

Si vous avez lu cet article jusqu’ici, vous savez qu’une selle adéquate est essentielle. Vous savez que votre vélo doit être bien réglé. Si en plus vous avez le cuissard parfait, vous avez toutes les chances de faire de vos sorties un plaisir.

Le problème ?

Le cuissard est un produit technique. Mal choisi, il devient un handicap. Imaginez-vous courir le marathon de New-York  avec des chaussures deux fois plus lourdes que les autres ? Vous en viendrez à bout mais ce sera cent fois plus dur.

Alors choisissez un cuissard de qualité, un cuissard bien adapté, un cuissard qui vous convient.

Dans la suite, je vous liste les 5 points que je vérifie systématiquement.

#1/ Un insert sans compromis

L’insert est la pièce maitresse de votre cuissard. C’est sur lui que vous êtes assis, avant d’être posé sur votre selle. Il couvre la surface des ischions, du périnée, et remonte vers l’avant.

Vous allez donc lui en demander beaucoup.

Vous voulez qu’il ait un amorti efficace tout au long de votre sortie et qu’il réduise au minimum les frottements sur votre peau. Il doit vous épargner crème réparatrice et onguent à la fin de votre sortie.

Vous comptez également sur lui pour évacuer la chaleur et la transpiration afin de ne pas se transformer en étuve dès les premiers kilomètres.

Comment choisir ?

  1. Evaluez l’épaisseur de l’insert. Il peut y avoir des différences significatives entre les cuissards : de 8 à 15 mm pour ceux que je possède. C’est une première indication mais vous ne pouvez-vous contenter de celle-ci : l’insert le plus épais n’est pas forcément le plus efficace.  Appuyez sur l’insert et jugez de sa fermeté, il ne doit pas « s’écraser » facilement sous les doigts. Plus vous envisagez des longs parcours, plus vous aurez intérêt à choisir un insert suffisamment épais et ferme.
  2. Renseignez-vous sur sa composition. Une mousse à mémoire de forme sera idéale, elle permettra à la fois d’absorber les chocs et de revenir en sa position initiale, même lors de vos changements de position sur la selle.
  3. Regardez comment est assurée l’aération de l’insert. Certaines marques ont créé des performations pour faciliter le passage du flux d’air, et/ou des alvéoles dans la mousse pour améliorer la circulation de l’air.

#2/ Doucement les coutures

Votre cuissard doit comporter le moins de coutures possibles. Et surtout aucune dans vos zones d’appui.

Les coutures ayant aussi le risque de lâcher au fil du temps, moins il y en a et plus vous limitez les risques…

#3/ Un insert qui ne moufte pas

Une fois votre cuissard enfilé, votre insert ne doit plus bouger. S’il se déplace sous l’effet de votre pédalage, il va occasionner des frottements et c’est l’irritation assurée.

Comment choisir ?

Pour les sorties en deçà de 60 à 80 km environ :

Pour les sorties au-delà de 60 à 80 km environ :

#4/ Un cuissard qui reeeeespire

Là c’est extrêmement simple. C’est un incontournable en toute saison. Il vous faut un modèle respirant pour évacuer la transpiration.

Vérifiez le mais j’ai toujours vu ce point bien pris en compte sur mes cuissards.

#5/ Un cuissard qui travaille

Votre cuissard a aussi des propriétés vasculaires. Il a un effet gainant et drainant.

C’est un allié anti-fatigue. Certains cyclistes le portent encore quelques instants après leur sortie pour profiter de son effet de contention et optimiser leur récupération.

Il doit être pour cela bien plaqué et suffisamment élastique, avec une bonne qualité de compression.

  1. Vérifiez son effet  élastique et gainant au niveau des cuisses.
  2. Dans le cas d’un cuissard court, vérifiez qu’il sera en mesure de maintenir avec la pression suffisante les jambières que vous enfilerez à l’inter-saison pour maintenir les jambes au chaud.
  3. Certaines marques ont ajouté à cet effet des bandes silicones destinées à ajouter un supplément de compression. Vérifiez néanmoins que ces bandes de vous serrent pas au point de couper la circulation sanguine.

Astuce N°4 : Bien gérer les sorties

On peut pédaler ? Bientôt. Vous avez vu les trois astuces principales. Cette quatrième et ultime astuce consiste à bien gérer vos sorties :  avant, pendant et après.

Explications.

#1 / La question de la crème

Vous pouvez utiliser de la crème, dite crème chamois, vestige du temps où les cuissards comportaient une véritable peau de chamois. De multiples marques en proposent. Sont-elles efficaces ? On peut l’espérer quand on jette un œil aux tarifs, de 45 à 170 €/litre…

Pour déterminer celle qui vous convient, le mieux est de faire quelques essais.

Personnellement, je n’en utilise plus depuis que j’ai une bonne selle, un vélo bien réglé et de bons cuissards.

#2/ Rien dessous

Un cuissard se porte sans sous-vêtement. Son fabricant a fait de son mieux pour éviter les coutures, sources d’irritation. Tout ce bénéfice sera perdu si vous ne le portez pas à même la peau.

#3/ De la progressivité

Si vous n’avez jamais fait plus de 60Km et que vous vous lancez dans un 200, le meilleur cuissard du monde ne pourra pas grand-chose pour vous. Avec l’entrainement, la peau, les muscles, votre souplesse, tout votre organisme va petit à petit s’habituer aux heures de selle. Mais augmentez progressivement les distances.

#4/ Un peu de sel dans le pédalage

Un ami peut pédaler toute une sortie les mains en haut du cintre, à la même fréquence de pédalage. 4 heures dans la même position, à tourner les jambes à une vitesse à peu près constante, je ne sais pas comment il fait.

 Je préfère changer sans cesse : tantôt les mains au creux du cintre, aux cocottes, en haut du cintre. En alternant force et vélocité. Souvent assis, parfois en danseuse. Bref, je varie. Ça me délasse et me soulage le dos il me semble. Il en sera peut-être de même pour vous.

#5/ Après la sortie

A moins que vous vouliez cultiver boutons et rougeurs au plus mauvais endroit, votre cuissard sera lavé après chaque sortie.

Si vous le lavez en machine, allez-y tout doux, à 30 degrés maximum. Et surtout pas d’assouplissant. Si vous le lavez à la main, ce qui est préférable, pensez à bien le rincer.

Le séchage doit être naturel, ne mettez pas votre cuissard au sèche-linge. Le soleil et ses UV auront un effet antibactérien mais si votre cuissard a des couleurs, celles-ci vont s’altérer avec le temps. Je préfère alors un endroit abrité et bien ventilé.

Faut-il le rappeler, un cuissard n’a pas besoin d’être repassé.

Et maintenant ?

Vous allez peut-être vous rendre compte que votre selle n’est pas adaptée, ou que votre cuissard n’est pas un allié très fiable.

Vous constatez aussi que la selle ou le cuissard de vos rêves représentent un certain budget. Et ça vous ne l’aviez pas prévu.

Ce n’est pas grave.

Intéressez vous à la seconde astuce, celle sur les réglages de votre vélo. C’est la plus puissante. Cela vous demandera un peu de temps si vous ne vous êtes jamais penché sur le sujet mais le jeu en vaut la chandelle.

Vérifiez aussi les points de la quatrième et dernière astuce, à propos de vos sorties vélo.

Vos douleurs devraient bientôt reculer de trois cases.

7 réponses

  1. Top article, merci Philippe ! Y a plus qu’a ;-). Une idee si tout ceci est aussi applicable a du VTT (meme si moins critique je pense) ?

    1. Merci Eric 🙂
      Applicable oui, même si en VTT les sorties sont (en principe) plus courtes et aussi plus toniques, avec des relances, des franchissements, on y est davantage en prise sur les pédales et moins en appui sur la selle

  2. Je crois que j’ai enfin compris les paramètres pour choisir une selle… si proche de Noël ; si c’est pas une aubaine ! 😉

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