30 mars 1950. Un groupe d’alpinistes embarque à bord d’un avion à destination de New Dehli puis du Népal.

Leur objectif : conquérir un premier sommet himalayen de plus de 8000m. Ce serait un exploit phénoménal pour l’alpinisme français.

Maurice Herzog, le chef de cette expédition, est tout sourire. Il a soigneusement préparé ce moment. Il s’est entouré de grands professionnels de la montagne. Les hommes regagnent leurs sièges. Les 4 tonnes de matériel sont chargées en soute.  

Le 17 mai, l’équipe installe son camp de base au fond du cirque de l’Annapurna. Il faut explorer le glacier, faire des reconnaissances, trouver des voies. Le temps presse. Dans 23 jours la mousson sera là et interdira toute tentative d’assaut vers le sommet. 

L’expédition s’élance le 24 mai. On installe le camp 1 puis un peu plus haut, le camp 2, où les véritables difficultés commencent : couloir d’avalanche, parois de glace.

Le groupe poursuit sa progression : 31 mai au camp 3, 1er juin au camp 4, puis le camp 5 à 7400m. le 3 juin, une cordée avec Maurice Herzog et Louis Lachenal s’élance vers le sommet.

À 14 heures, les deux hommes peuvent laisser éclater leur joie.  L’Annapurna  a été gravi pour la première fois.

La descente commence. Elle va s’avérer cauchemardesque.

Nos hommes sont pris dans une tempête. Aveuglés, ils passent à proximité du camp 4 sans le voir. Ils improvisent un bivouac à 7000m. Ils sont recouverts pas une avalanche durant la nuit. Maurice Herzog en perd une chaussure, qu’il mettra plus d’une heure à retrouver.

Ses orteils sont glacés. Bientôt il ne pourra plus les bouger. Gelés.

Vous non plus, vous ne sentiez plus vos pieds après votre dernière sortie hivernale.

Un froid pénétrant qui n’a rien concédé. Un mercure qui s’aventurait à peine au-dessus du zéro. Flaques en glace, arbres givrés, neige sur les bas-côtés.

Votre haut du corps était bien équipé. À peine une sensation de fraicheur qui s’est vite dissipée passés les premiers coups de pédales. Quant aux jambes, elles se sont réchauffées à la première bosse.

Pour vos pieds vous n’avez en revanche toujours pas la solution.

Vous êtes enfin rentré à la maison. Vous ôtez vos chaussures, vos orteils n’ont pas belle allure. Vous ne les sentez plus.

Pour cette fois encore vous échapperez au sort de Maurice Herzog. Mais vous aimeriez bien en finir avec ce supplice.

J’ai voulu récapituler dans cet article ce qui peut amener un peu d’aide.

Des petits gadgets çà et là.

Des équipements plus conséquents.

Des techniques à expérimenter aussi.

Vous découvrirez même une astuce qu’utilisent les cyclistes canadiens pour braver leurs températures polaires.

On y va.

Les solutions classiques :

#1 – Chaussures montantes modèles hiver.

C’est la solution la plus évidente, très répandue. Vous en êtes sans doute déjà pourvu.

Elles devront être à la fois imperméables et respirantes. 

Budget : Beaucoup de très bons modèles de 150 à 300 euros.

#2 – Chaussettes hiver :

Ces chaussettes sont généralement réalisées avec une fibre assurant protection thermique et respiration.

Beaucoup sont à base de laine mérinos qui a ici plusieurs avantages : elle tient chaud sans faire transpirer, elle est antibactérienne, elle est douce et souple.

Budget : 10 à 50 euros selon le niveau de gamme.

#3 – Surchaussures

Les surchaussures emballent complètement le pied. Assurez-vous que le modèle que vous envisagez monte jusqu’au-dessus de la cheville.

Pour une protection optimale contre le froid, optez pour un modèle doublé en polaire, qui maintiendra bien le pied au chaud.

Les surchaussures ont un effet coupe-vent bienvenu : par 0 degré, il suffit de rouler à 20 km/h pour avoir un froid ressenti de -5 degrés. Voilà ce que subit la pointe de vos chaussures…

Budget : Très large gamme de produits et de prix de 20 à 80 euros

#4 – Les protections couvre-orteils .

Ces protections sont à porter directement sur la chaussure ou mieux, entre la chaussure et la surchaussure. Elles apportent un plus pour tenir les orteils au chaud.

Budget : 15-20 euros

#5 – Circulez

Veillez à garder un minimum de mobilité au niveau des orteils. Ne serrez pas les chaussures au point de freiner la circulation sanguine.

Les solutions chauffantes :

#6 – Les semelles chauffantes à usage unique

Elles se placent dans la chaussure et sont utilisables immédiatement. Elles chauffent ensuite les pieds durant plusieurs heures.

Elles existent en général en plusieurs groupes de taille (36-40, 41-45 par exemple).

Elles se conservent plusieurs années avant utilisation, mais ne sont pas réutilisables après une première sortie.

Budget : quelques euros par unité.

#7 – Les chaufferettes

Un peu plus rudimentaires, les chaufferettes sont destinées à réchauffer la zone des orteils.

En général, il faut les laisser 10 (voire 20) minutes à température de 20 degrés après ouverture avant de démarrer sa sortie.

Elles sont proposées en une seule taille.

Là aussi, elles se conservent avant utilisation, mais sont à usage unique.

Budget : quelques dizaines de centimes par unité.

#8 – Les chaussettes chauffantes

Ces chaussettes intègrent un petit radiateur infrarouge, alimenté par un boitier à piles, qui diffuse un peu de chaleur vers la plante des pieds et orteils.

Trois niveaux de chaleur sont disponibles, avec une autonomie qui va de 2 à 5 heures en fonction de l’intensité du chauffage. Vous pouvez aussi déclencher le chauffage par intermittence pour économiser les piles.

Le boitier est amovible pour un lavage en machine.

Budget : 40-50 euros.

#9 – Les semelles chauffantes réutilisables (modèle #1)

Ces semelles sont équipées d’une batterie intégrée dans le talon.

Elles offrent 3 niveaux de chaleur. L’autonomie va de 3h à 4h30 selon le mode de chauffage choisi. Le réglage de l’intensité de chaleur se fait via une télécommande.

La batterie se recharge à l’aide un câble micro-USB.

Je les ai trouvées en plusieurs groupes de pointures, jusqu’au 47.

Budget : environ 85 euros.

#10 – Les semelles chauffantes réutilisables (modèle #2)

Ces semelles sont équipées d’une batterie déportée, à fixer autour de la jambe. C’est donc un modèle à fil.

Elles offrent 3 niveaux de chaleur. L’autonomie va de 2h à 6h selon le mode de chauffage choisi. Le réglage de l’intensité de chaleur se fait via un bouton de commande, situé au niveau de la batterie.

Je les ai trouvées en plusieurs groupes de pointures, jusqu’au 48.

Budget : environ 180 euros.

Du côté de l’alimentation

#11 – Ajoutez un peu de piquant

Tous les aliments qui activent la microcirculation sont les bienvenus. Vous pouvez avoir la main un peu plus lourde sur le poivre, le gingembre, le piment.

#12 – Un truc de grand-mère

Je tiens cette petite ficelle d’une Canadienne. Du poivre fraichement moulu dans les chaussettes stimulerait la circulation sanguine.

Non vérifié par votre serviteur. Je suis resté sur ma crème chauffante, que je remarque bien poivrée. Comme quoi…

Si la pluie est de la partie :

#13 – Garde-boue 

Un équipement très simple qui permet de prendre beaucoup moins d’eau sur les tibias et pieds.

#14 – Strapping

Si vous avez de bonnes chaussures montantes, voire des surchaussures, vous pouvez simplement strapper le haut avec une bande adhésive, type Elastoplast. L’eau ne pourra pas passer par écoulement, ce qui est un vrai problème sous la pluie.

Plus rustique : emballer les pieds dans un sac plastique et scotcher fermement avec un strap sur le tibia.

Et pour finir :

#15 – Pour être plus fort encore

Et si le froid devenait votre allié ?

Plutôt qu’un ennemi à repousser à tout crin.

Les basses températures ont un effet bénéfique sur la récupération. Beaucoup de sportifs prennent une douche froide voire un bain glacé après un entrainement.

Le froid irait jusqu’à stimuler la production de testostérone, hormone qui entre en jeu dans la croissance musculaire.

Et il y a mieux.

On pourrait même envisager de l’apprivoiser…

En vous habituant à résister à la douleur séance après séance, c’est votre mental qui se renforcera peu à peu.

Bref, une douche froide ou un bain froid quotidien pourrait vous rendre plus résistants (es) et plus solides. Comme toujours, en y allant progressivement et en augmentant doucement la durée des séances.

Pour un peu, on souhaiterait que l’hiver se prolonge…

Merci à Jacques N., Ludovic L. et Matthieu Papin pour avoir inspiré cet article.

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